Une exposition spéciale au musée du papyrus de la Bibliothèque nationale d'Autriche présente jusqu'au 5 mai 2024 des papyrus uniques de l'époque gréco-romaine, qui documentent la fascination du Nil.

On attribue à l'historien grec Hérodote la déclaration selon laquelle l'Égypte est "un don du Nil". Il faisait ainsi référence à la crue annuelle du Nil, qui submergeait une large bande de terre et qui, en se retirant, laissait derrière elle une boue fertile servant d'engrais. Ces inondations marquaient le rythme de vie et de travail, mais aussi les représentations religieuses de l'Égypte antique et médiévale, et assuraient au pays des récoltes abondantes et donc la prospérité.
L'exposition présente une sélection variée de plus de cent pièces, dont beaucoup sont exposées pour la première fois au public. Elles mettent en lumière cette thématique complexe qui revêt une importance particulière aujourd'hui encore : une gestion attentive et durable de la précieuse ressource qu'est l'eau. À l'époque des pharaons, il y avait, tout comme aujourd'hui, de grands efforts pour obtenir des terres arables supplémentaires, de l'eau potable, une irrigation suffisante et la lutte contre le désert.

Vue depuis la rive du Nil à Schellal, photographie, 9 janvier 1904 © Bibliothèque nationale d'Autriche

Vue depuis la rive du Nil à Schellal, photographie, 9 janvier 1904 © Bibliothèque nationale d'Autriche

La collection de papyrus de la Bibliothèque nationale d'Autriche abrite de nombreux documents originaux datant de l'époque pharaonique, grecque, romaine et du début de l'Arabie, qui permettent de mettre en lumière les multiples aspects de la "gestion de l'eau". Les textes font état d'une utilisation de l'eau dirigée et surveillée par l'État et des efforts déployés pour entretenir le système d'irrigation sophistiqué, afin que la crue du Nil puisse certes atteindre le plus grand nombre possible de terres arables, mais aussi pour éviter les dégâts causés par une irrigation excessive.
Tous les Égyptiens devaient travailler cinq jours par an pour entretenir ces installations ; les écluses étaient surveillées, des roues à augets et des puits d'extraction assuraient un apport d'eau supplémentaire. Le Nil et le système d'irrigation servaient en outre au transport et aux voyages par voie d'eau - à l'époque de l'Empire romain, la culture des bains avec des thermes chauffés a en outre fait son entrée en Égypte. Les papyrus du fonds de la Bibliothèque nationale d'Autriche documentent en outre la réglementation des droits d'eau, les avantages fiscaux en période de sécheresse et les mesures prises par les gouvernements contre l'avancée du désert.

Rapport sur la montée des eaux du Nil (papyrus, grec, Memphis, 19 août 575 après J.-C.) © Österreichische Nationalbibliothek

Rapport sur la montée des eaux du Nil (papyrus, grec, Memphis, 19 août 575 apr. J.-C.) © Österreichische Nationalbibliothek

Comme l'eau du Nil était le seul apport en eau dans ce pays pauvre en pluies et entouré de déserts, les récoltes dépendaient de l'importance des inondations annuelles. Les habitants* de l'Égypte ont donc tenté d'utiliser le plus efficacement possible cette précieuse ressource qu'est l'eau en mettant en place des systèmes d'irrigation et de drainage. L'utilisation ciblée de l'eau du Nil, organisée très tôt grâce à un système complexe de canaux, de barrages et de digues, a permis à l'Égypte de devenir l'une des premières grandes cultures agricoles de l'humanité et a probablement été un facteur essentiel dans l'émergence des premières structures sociales et étatiques. Les inondations annuelles n'ont pris fin qu'avec l'ouverture du grand barrage d'Assouan en 1970.
Les objets présentés dans l'exposition temporaire ouvrent une porte sur l'Égypte ancienne et permettent de jeter un regard sur la vie quotidienne des gens.
Du 14 juin 2023 au 5 mai 2024
www.onb.ac.at