Une nouvelle exposition temporaire à la Maison Beethoven de Bonn considère les compositions de Beethoven comme une source d'inspiration pour les artistes plasticiens .

Dès le XIXe siècle, les œuvres de Beethoven n'ont cessé d'inspirer les peintres, les graphistes et les artistes plasticiens pour leurs propres travaux. Mais ce n'est que dans la deuxième moitié du 20e siècle que sa musique a pris de l'importance pour les artistes de l'avant-garde européenne. Jusqu'alors, les œuvres créées en Allemagne et en Autriche étaient généralement encore entièrement marquées par la tradition de la représentation figurative et allégorique. L'exposition temporaire actuelle de la Maison Beethoven montre, à l'aide d'une sélection d'œuvres importantes, la diversité des différentes idées et approches avec lesquelles on a abordé la musique de Beethoven aux 20e et 21e siècles, en s'efforçant de la rendre quasiment visible pour le spectateur. Au milieu du siècle, l'art était marqué par une vénération exagérée de Beethoven et la réaction inverse qui en résultait, prenant ses distances avec les œuvres de la grande "icône culturelle". "Ce n'est que depuis les années 1970 que l'on constate à nouveau une volonté croissante de s'intéresser aux compositions de Beethoven. Dès lors, de nombreuses approches très différentes et séduisantes ont été développées - de la création de représentations figuratives à des compositions colorées purement abstraites", explique l'historienne de l'art Silke Bettermann, commissaire de l'exposition. Il en résulte des œuvres picturales qui traitent de manière très individuelle de la musique du compositeur de Bonn, comme les partitions optiques de Günther Uecker (*1930), les différents collages et graphiques d'Arman (1928-2005), ou les lithographies de Jörg Immendorff (1945-2007), dont certaines se refusent délibérément à une interprétation accessible à tous.

Jorinde Voigt (*1977) : Ludwig van Beethoven / Sonate n° 6 (Opus 10 n° 2), # 11, 2012 ; encre de Chine et graphite sur lithographie, Beethoven-Haus Bonn © VG Bild-Kunst, Bonn 2025 ; photo : Roman März

Jorinde Voigt (*1977) : Ludwig van Beethoven / Sonate n° 6 (Opus 10 n° 2), # 11, 2012 ; encre de Chine et graphite sur lithographie, Beethoven-Haus Bonn © VG Bild-Kunst, Bonn 2025 ; photo : Roman März

La transposition d'une expérience auditive en image, déjà populaire au 19e siècle, a également été reprise et conçue de manière très personnelle. C'est ce que révèle par exemple un travail photographique de Rebecca Horn (1944-2024), inspiré par la représentation du concerto pour violon op. 61 de Beethoven à New York. Elle associe un instantané nocturne à un autoportrait et à différentes traces de couleurs gestuelles ajoutées dans une deuxième étape de travail. L'image renvoie ainsi à une perception modifiée par la musique et reflète l'expérience subjective vécue à l'écoute de la musique.
De tels travaux sont souvent difficiles à comprendre pour un public plus large. Il en va en revanche différemment des compositions abstraites colorées intenses, comme celles que Norman Sigbert (1892-1980), Christel Bak-Stalter (*1937) ou Peter Fischerbauer (*1966) ont créées spontanément sous l'influence de la musique de Beethoven. "De tels travaux à l'effet très émotionnel sont généralement acceptés et appréciés comme forme d'expression picturale adéquate pour les expériences musicales", explique Silke Bettermann. Jusqu'à aujourd'hui, c'est la voie qu'empruntent le plus souvent les artistes visuels lorsqu'ils veulent mettre en image des compositions classiques.
Au cours des dernières décennies, des tentatives totalement inédites ont été faites pour aborder concrètement le matériau musical de certaines compositions de Beethoven. Baldwin Zettl (*1943) a ainsi transposé directement en image le texte de la "Chanson de la puce" du drame "Faust" de Goethe, mis en musique par Beethoven, en montrant trois personnages à l'allure bizarre - la puce mentionnée dans la chanson avec un acolyte et son roi à sa tête - qui marchent le long d'un clavier de piano. Sur le pupitre au-dessus des personnages, on peut voir les dernières mesures de la mise en musique.

Baldwin Zettl (*1943) : Il était une fois un roi, 2002 ; gravure sur cuivre, Beethoven-Haus Bonn

Baldwin Zettl (*1943) : Il était une fois un roi, 2002 ; gravure sur cuivre, Beethoven-Haus Bonn

Benjamin Samuel (*1981) suit une approche quasi mathématique. Il transpose les Variations Diabelli dans une installation lumineuse abstraite à l'aide d'un logiciel informatique. Il attribue une couleur à chaque note du morceau de piano, les notes qui résonnent simultanément apparaissent dans le mélange de couleurs qui en résulte. Ainsi se développent des séries de couleurs qui permettent de percevoir visuellement la complexité de la composition. Jorinde Voigt (*1977), quant à elle, met l'accent dans ses graphiques sur les 32 sonates pour piano de Beethoven sur la traduction en images du spectre émotionnel de la musique. En se basant sur les indications d'exécution contenues dans la partition de chaque morceau, elle crée intuitivement, à l'écoute de la musique, une structure de base pour des tourbillons de lignes vivantes, presque tridimensionnelles, qui expriment la force émotionnelle des différentes compositions de Beethoven.
Un dernier aspect que les artistes visuels aiment aborder lorsqu'ils s'intéressent à Ludwig van Beethoven est la relation entre l'œuvre musicale et la personne du compositeur. Dans la deuxième moitié du 20e siècle, Thomas Bayrle (*1937) a été le premier à explorer de nouvelles voies : il a superposé un portrait historique de Beethoven et la partition de la "Sonate au clair de lune" op. 27 n° 2, afin de rendre spontanément perceptible le lien entre la personnalité de l'artiste et la musique. Comme le montrent tous ces exemples, les compositions de Ludwig van Beethoven constituent encore aujourd'hui une source d'inspiration importante et vivante pour les arts visuels.
Du 10 mars au 21 juillet 2025
www.beethoven.de

Beethoven-Haus, Musée avec buste de Riscutia © Beethoven-Haus Bonn

Beethoven-Haus, Musée avec buste de Riscutia © Beethoven-Haus Bonn